L'hospitalisation à domicile en 2016
L’HAD a connu un essor important ces dix dernières années. La DREES revient sur les évolutions marquantes qu’a connu l’hospitalisation à domicile au cours de ces dix dernières années. Cette étude vient compléter le panorama des établissements de santé publié l'été dernier.
Un développement important
La prise en charge proposée par l’hospitalisation à domicile (HAD) permet de compléter voire remplacer l’hospitalisation complète (court ou moyen séjour) proposée par les établissements de santé avec hébergement.
Ce mode de prise en charge propose une variété de soins techniques similaire à celle des établissements de santé. Elle permet cependant au patient de disposer du confort du maintien à domicile.
Rattachées ou non à un établissement de santé généraliste, les structures de HAD offrent une prise en charge réalisée par des professionnels libéraux ou appartenant au service, et coordonnée par un médecin rattaché à l’HAD.
Expérimentée à la fin des années 50, l’HAD s’est développée à la fin des années 80, et de façon plus importante encore depuis les années 2000, notamment dans un objectif d’amélioration de l’efficience des dépenses de santé (raccourcissement ou limitation de l’hospitalisation conventionnelle complète).
Ce développement promu par les pouvoirs publics n’a toutefois pas été aussi rapide que prévu (l’objectif était de disposer de 15 000 places de HAD en 2010, capacité qui n’a été atteinte qu’en 2015).
Avec le vieillissement de la population et la hausse des maladies chroniques, l‘HAD offre une réponse intéressante, en répondant en particulier aux besoins des patients complexes ou polypathologiques.
L’étude de la DREES montre que l’activité d’hospitalisation à domicile a plus que doublé en 10 ans. On recense actuellement 313 établissements coordonnant des prises en charge HAD (ils n’étaient que 179 en 2006).Ils ont ainsi réalisé 4,9 millions de journées en 2016 (1,9 millions en 2006).
L’offre actuelle permet d’accueillir simultanément 16 300 patients (6 900 en 2006). Le taux de recours national était ainsi en 2016 de 73 patients pour 1 000 habitants, ou encore de 20 patients pris en charge par jour pour 100 000 habitants.
Ce sont ainsi 110 800 qui ont été pris en charge en 2016 (188 300 séjours). Le taux de prise en charge est de 82 %. On peut rappeler que ce taux rapporte l’activité réalisée en HAD aux capacités disponibles.
Il apparaît par ailleurs, que si l’activité a fortement augmenté depuis 10 ans, la zone de couverture territoriale de l’HAD s’est également étendue. Chaque département dispose d’au moins une structure HAD. En 2016, 47 % des communes ont au moins un patient en HAD.
Entre 2006 et 2010, la hausse d’activité est passée par une hausse du nombre d’établissements installés. Depuis 2011, on assiste plutôt à une augmentation des capacités des structures installées et à une hausse du volume de leur activité. Chaque structure accueille désormais en moyenne simultanément 52 patients (40 en 2011).
Une évolution des modes de prise en charge
Les données publiées par la DREES montrent par ailleurs que ce sont surtout les établissements privés à but lucratif qui ont connu la plus forte progression en termes de nombre de journées et de capacité de prise en charge (leur part d’activité est ainsi passée de 4 % en 2006 à 15 % en 2016).
Le secteur associatif réalise actuellement 60 % de l’activité, et le secteur public 26 %.
Par ailleurs, on note une forte hétérogénéité d’activité entre établissements. Si la moyenne du nombre de journées réalisées chaque année est autour de 15 700 journées, seule la moitié des établissements HAD dépasse les 9 000 journées.
Les modes de prise en charge principaux ont également beaucoup évolué en dix ans.
Le premier mode de prise en charge (28 % de l’activité) concerne désormais les soins liés aux pansements complexes et soins spécifiques (ulcères, escarres, artérites, athérosclérose).
Les soins palliatifs représentent le second mode de prise en charge le plus fréquent (24 %). Cette activité s'inscrit en cohérence avec le Plan national soins palliatifs et accompagnement en fin de vie 2015 - 2018, qui promeut le développement des soins palliatifs en hospitalisation à domicile.
En dix ans, les caractéristiques des patients ont également beaucoup changé. On observe ainsi une hausse de l’âge moyen qui est passé, entre 2006 et 2016, de 52 ans à 62 ans.
Cette hausse de l’âge moyen est en particulier marquée pour les patients bénéficiant de soins palliatifs, traitements intraveineux, et soins techniques de cancérologie.
Les séjours concernant plusieurs séjours multi prise en charge (séquences de soins différentes) sont également plus fréquents.
La durée moyenne de l’ensemble des séjours en HAD est de 28 jours (soit 6 de plus qu’en 2006). Cette hausse s’explique notamment par la hausse des prises en charge ayant les durées de séjour les plus importantes comme les pansements complexes (48 jours), et les soins de nursing lourds (70 jours).
Les objectifs des politiques publiques visent un taux supérieur à 30-35 patients par jour pour 100 000 habitants dans chaque région. Il faut noter que seuls 6 départements ont atteints ce seuil en 2016.
Ceci dit, la part de l’offre de HAD dans l’offre de soins de court et moyen séjour progresse, et représente aujourd’hui 5 % des journées d’hospitalisation complète en court et moyen séjour (plus du double d’il y a dix ans).
Pour en savoir plus : Dix ans d’hospitalisation à domicile (2006-2016) - Un essor important, en deux temps », Les Dossiers de la Drees, n°23, décembre 2017