Evolution des prestations sociales en France et en Europe
La DREES vient de publier une étude sur l'évolution des dépenses de prestations sociales depuis 2008 et concernant l’ensemble des pays européens.On constate que la croissance de celles-ci est contenue dans l’ensemble des pays d’Europe.
Ces données viennent confirmer l'étude publiée en 2016, qui ne concernait que la seule année 2014.
Des prestations sociales en faible hausse depuis 2008 en Europe
Les prestations sociales représentent, pour les 28 pays de l’Europe, près de 28 % de leurs richesses. Ce taux varie toutefois selon les pays, les plus anciens adhérents à l’Union Européenne consacrant davantage de leurs moyens à la protection sociale.
La France, avec 32% de son PIB est en tête de peloton, devant les pays d’Europe du Nord.
Les effets de la crise de 2008 ont été amortis par les dispositifs de protection sociale. Cette année-là, la contribution au PIB des prestations sociales a ainsi augmenté de 3 points (et les dépenses afférentes de 7%).
Les dépenses de prestations sociales ont ensuite ralenti dans les années qui suivirent, pour s’établir à en moyenne + 0,8 % /an sur la période 2009-2014.
On observe des dépenses de protection sociales qui se répartissent différemment selon les pays européens, en fonction de leur histoire et priorités, entre les 6 grands risques sociaux.
- Si en moyenne les dépenses concernant la vieillesse-survie (pensions de retraite) s’établissent à 12,7-12,9 % du PIB, elles s’élèvent à près de 17 % en Grèce et Italie (14 % en France). Elles constituent ainsi en Europe 45 % des dépenses de prestations. Leur montant tend toutefois à croitre de façon modérée, consécutivement aux réformes engagées dans les différents pays de l’Union Européenne.
- Le second poste est représenté par le risque maladie-soins (un peu plus 29% du montant total des dépenses et environ 8 % du PIB). Depuis 2009, les dépenses associées connaissent elles aussi une hausse moindre.
- Les dépenses famille-enfants s’élèvent à un peu plus de 2 % du PIB (davantage dans les pays du Nord de l’Europe, un peu moins au Sud). Elles ont également tendance à baisser.
- Les montants et les tendances sont similaires pour les prestations d’invalidité.
- En lien avec le taux de chômage, le durcissement des conditions d’accès ou le transfert des personnes concernées vers des dispositifs de solidarité, les prestations chômage connaissent une baisse (se situant actuellement à environ 1,4 % du PIB).
- De fait, les dépenses de prestations pauvreté-exclusion sociale ont tendance à augmenter.
Une hausse modérée également en France
Les prestations sociales en France représentent un peu plus de 700 milliards d’euros/an. Ce montant est important puisqu’il représente comme évoqué précédemment 32 % du PIB.
Après une croissance annuelle importante au début des années 2 000, la hausse des dépenses de prestations sociales a ralenti, pour atteindre un rythme annuel de hausse de + 1,6 %.
Cette croissance moindre s’explique par l’indexation de nombre de prestations sur l’inflation (pensions de retraite, prestations familiales, d’invalidité, RSA,…). Il faut toutefois noter que certaines prestations ont été revalorisées de façon exceptionnelle (complément familial, allocation de soutien familial, RSA socle).
Les prestations concernant le risque maladie ont, quant à elle, connu une croissance annuelle de 2,3% depuis 2010. Cette hausse modérée s’explique par les mesures de maîtrise des dépenses : utilisation des génériques, baisse du prix des médicaments, moindre hausse de la masse salariale des hôpitaux, …
La diminution constante du nombre d’accidents du travail et du nombre de personnes touchant une pension militaire d’invalidité, explique la baisse du montant des différentes prestations concernant les maladies professionnelles et accidents du travail.
La hausse des dépenses d’invalidité et des allocations aux adultes handicapés ont également été plus faibles ces dernières années, avec notamment une moindre revalorisation.
De la même façon, les prestations vieillesse-survie ont connu une croissance moindre depuis 2010 (+ 2,8%/an). Report des droits de 60 à 62 ans, et indexations moindres expliquent la maîtrise de la hausse. Celle-ci demeure néanmoins, compte tenu de rémunérations de carrière plus fortes, d’un parcours professionnel plus complet qu’antérieurement pour les femmes, une croissance du nombre de retraités, et une espérance de vie en hausse.
La situation de l’emploi en France ayant peu évolué, les prestations concernant celui-ci ont peu évolué.
Le montant des différentes prestations en lien avec la lutte contre l’exclusion et la pauvreté ont connu une hausse importante en 2014 (notamment avec la revalorisation exceptionnelle du RSA).
Concernant les prestations familiales, celles-ci ont vu leur montant se stabiliser en 2015. Les allocations familiales ont ainsi diminué (leur montant est dorénavant modulé selon le niveau de ressources).
Le montant des allocations logement est également stabilisé depuis 2015 (nombre de bénéficiaires stable).
Pour en savoir plus : « Prestations sociales : une croissance modérée en France et en Europe », Études et Résultats, n°1012, Drees, juin 2017