Déficiences intellectuelles : résultats d'une expertise collective
L’INSERM vient de publier le 1er mars une expertise collective sur les déficiences intellectuelles.
Ce travail réalisé par 12 experts s’est appuyé sur 2 500 références bibliographiques analysées.
Il s’agit ainsi de mieux cerner le fonctionnement des personnes avec déficience intellectuelle et d’identifier les stratégies d’apprentissage, d’accompagnements et de soutiens les plus pertinentes.
Les domaines suivants ont en effet été explorés : définition et épidémiologie ; évaluation des compétences et des déficiences de la personne ; accompagnement et soutien durant les principales étapes de la vie.
1 à 2% de la population concernée
En France, la déficience intellectuelle sévère touche 0,3 à 0,4 % de la population, tandis que la déficience intellectuelle légère concerne 1 à 2 % de la population.
Selon l’OMS, la déficience intellectuelle (DI) correspond à un déficit de l’intelligence ainsi qu’à des limitations du fonctionnement adaptatif.
Ces limitations apparaissent au cours de la période développementale.
Les experts ont noté que l’évaluation des compétences et des limitations des personnes avec déficience intellectuelle et des besoins de soutiens associés était souvent incomplète.
Ils préconisent ainsi d’envisager de développer des centres de ressources en déficience intellectuelle.
Ces centres auraient ainsi notamment pour vocation d’assurer une évaluation multidimensionnelle des capacités des personnes, et des besoins de soutien.
L’importance d’une continuité de l’accompagnement
La prévalence de la déficience intellectuelle est plus importante chez les garçons que chez les filles.
La déficience intellectuelle est plus souvent observée chez les enfants nés prématurés, ou ceux présentant un retard de croissance intra utérin.
Le repérage s’appuie essentiellement sur l’identification de retards de développement pour la population générale et le suivi des populations à risque.
S’ils existent, les outils de dépistage sont peu utilisés. Le diagnostic réalisé s’appuie d’une part sur l’évaluation des capacités intellectuelles, et d’autre part sur l’appréciation des comportements adaptatifs.
On peut noter que dans 40 % des cas, l’origine des déficiences intellectuelles est indéterminée.
Les personnes avec déficiences intellectuelles ont des problèmes de santé plus fréquents que l’ensemble de la population.
Ces affections sont par ailleurs moins bien diagnostiquées et traitées. La mise en place de bilans médicaux systématiques a une influence bénéfique sur la santé des personnes présentant des déficiences intellectuelles.
L’étude montre également qu’une intervention et une éducation précoce favorisent le développement de l’enfant avec une déficience intellectuelle.
Il apparaît également important de définir des objectifs d’apprentissage personnalisés pour permettre aux enfants avec une DI de tirer avantage des situations inclusives.
L’étude montre également que la transition vers l’âge adulte pour les jeunes ayant une déficience intellectuelle est mal connue et peu étudiée. La continuité de l’accompagnement est importante lors de la prise d’indépendance ou la consolidation de l’identité propre.
Il apparaît également que l’emploi en milieu ordinaire de travail reste très difficile d’accès, malgré les expériences innovantes (reconnaissances des compétences « différent et compétent », passerelles établissement spécialisé et milieu ordinaire, ..).
Les personnes avec une déficience intellectuelle apparaissent particulièrement exposées au phénomène de maltraitance.
L’étude met ainsi en avant un certain nombre de recommandations à destination des professionnels, issues de ces constats (mieux repérer précocement un trouble neurodéveloppemental, développer une évaluation multidimensionnelle et individualisée, accompagner le parcours de vie de la personne de la petite enfance à l’âge adulte…).
Des recommandations de recherche figurent également dans cette expertise collective.
Pour en savoir plus: consulter la synthèse de l'expertise collective