Ma Santé 2022
Le Président de la République et la ministre des Solidarités et de la Santé ont rendu public, le 18 septembre 2018, leur plan santé pour les prochaines années.
Un système de santé qui ne répond plus aux besoins et attentes des patients
Il est vrai que nombre de besoins ou d’approches en matière de soins évoluent, de par le vieillissement de la population, l’augmentation des maladies chroniques, les nouvelles thérapeutiques, les progrès numériques et technologiques….
Il s’agit ainsi pour les pouvoirs publics, de faciliter les synergies entre professionnels de ville, du secteur médico social, de l’hôpital, en s’appuyant sur les outils numériques, et de nouveaux modes de financement.
Le diagnostic posé par le gouvernement est que le système de santé ne répond plus aux attentes des patients, avec des difficultés d’accès aux soins, une coordination insuffisante des professionnels et des difficultés à obtenir l’information.
Par ailleurs, il estime que le mécontentement des professionnels de santé est nourri notamment par la course à l’activité, des charges administratives importantes, le manque de temps, la non reconnaissance des efforts, la difficulté pour passer d’un exercice salarié à libéral, …
Dans son diagnostic, le gouvernement estime également que l’organisation est trop rigide, de par l’exercice isolé des professionnels de ville, le cloisonnement important (public-privé, ville-hôpital, sanitaire – médio social), et le manque de structures et d’outils de coordination à même de garantir le suivi des patients dans les différents territoires.
Il est également noté les tensions financières croissantes, qui se confrontent au cout croissant des innovations thérapeutiques, la hausse du nombre de pathologies chroniques, l’absence de valorisation des bonnes pratiques de suivi et de gestion des parcours.
Au regard de ces constats, cinq chantiers prioritaires avaient été lancés en mars dernier : qualité des soins & pertinence des actes, organisation territoriale, modes de financement et de régulation, ressources humaines et formation, numérique.
Ces chantiers ont donné lieu à 3 engagements prioritaires, visant à placer le patient et la qualité de sa prise en charge au cœur du système, organiser l’articulation entre les différents acteurs pour mieux répondre aux besoins de soins en proximité, et enfin repenser les métiers et la formation des professionnels de santé.
L’un des objectifs est ainsi de faire disparaître « l'exercice isolé » de la médecine de ville d’ici 2022.
10 mesures phares
Cette réforme s'inscrit en continuité des plans précédents (dont le plan de renforcement de l’accès territorial aux soins,...). Parmi les 54 mesures de la réforme, on peut retenir les 10 principales.
- Seront notamment créés des financements au forfait pour prendre en charge à l’hôpital les pathologies chroniques (diabète, insuffisance rénale,…). Pour améliorer la coordination ville-hôpital, la prise en charge en ville sera ensuite inclus dans la démarche.
- 1 000 Communautés Professionnelles Territoriales de Santé seront déployées d’ici 2022, disposant de leur propre cadre de financement.Il s’agit d’associations de professionnels pouvant proposer, sur un territoire de 20 à 100 000 habitants, l’accès à un médecin traitant pouvant répondre à des urgences et proposant des actions de prévention, et permettant une coopération entre des médecins de toutes spécialités.
- Le développement des assistants médicaux (4 000 postes) sera facilité pour libérer du temps médical et permettre aux médecins de se concentrer sur les soins. Les assistants médicaux seront en charge d’accueillir les patients, recueillir les données, vérifier les vaccinations, mettre à jour le dossier , et aider à la prise de rendez vous dans les établissements de soins ou chez les spécialistes. Cette évolution sera permise grâce à un soutien financier aux médecins libéraux sous réserve d’exercice en groupe, de l’inscription dans un exercice coordonné ou une communauté professionnelle territoriale, et de l’engagement sur un bénéfice mesurable en matière d’accès aux soins de la population.
- Les premiers « Hôpitaux de Proximité » seront labellisés dès 2020 (500 à 600 établissements concernés). Différentes missions hospitalières de proximité seront assurées par ceux-ci (médecine polyvalente, soins de suite et de réadaptation, consultations, …). Ils devront disposer d’équipements en télémédecine, d’équipes mobiles, d’un plateau technique d’imagerie et biologie.
- Le régime des autorisations sera réformé et donnera lieu à de nouvelles normes notamment pour les services d’urgence, maternités, réanimations, imagerie et chirurgie.
- Un statut unique de praticien hospitalier sera mis en place, et le concours PH supprimé. Seront créés 400 postes de médecins généralistes qui exerceront de façon partagée entre la ville et l'hôpital, dans l’objectif de pallier les situations les plus graves dans les déserts médicaux.
- Il s’agira également de promouvoir la dimension collective du service, aussi bien dans l’organisation des soins que le management de l’équipe soignante.
- La participation des médecins au pilotage des hôpitaux sera renforcée en élargissant les différentes compétences de la Commission médicale d’établissement.
- Le Numerus Clausus sera supprimé, et les premiers cycles des études en santé seront réorganisés. Il s’agira notamment d’encourager les passerelles et diversifier les profils des étudiants.
- Le second cycle des études médicales sera également réformé, pour mieux tenir compte des compétences et aptitudes des étudiants, avec la suppression des ECN (épreuves classantes nationales). Le concours d’entrée dans les instituts de soins infirmiers sera également supprimé dès 2019 (avec une admission par Parcoursup).
A ces mesures phares, on peut ajouter le déploiement et la généralisation du dossier médical partagé (pourtant annoncé dès 2004, il n’est à ce jour pas effectif).Il s’agit également de dématérialiser d’ici 2022 toutes les prescriptions entre médecins et pharmaciens.
Ce plan global bénéficiera d’ici 2022 d’un budget de 3,4 milliards d'euros (à rapprocher toutefois du montant des dépenses annuelles de santé qui s’élèvent à environ 200 milliards/an).
Pour en savoir plus : "Ma santé 2022" : les 10 mesures phare de la stratégie de transformation du système de santé